vendredi 2 novembre 2007

L’arbre Porc-Épic


Comment expliquer les sensations de libérations, de défoulements, mélangés à une forme d’extase unique à l’écoute d’un opus; ce sentiment qui ne s’explique que par un exposé chimérique. Comment traduire ces perceptions, qui à la base ne peuvent se matérialiser que par des incohérences verbales.

Rarement un album concept m’a fait autant vibrer que le dernier né du groupe britannique Porcupine Tree: Fear of a Blank Planet. Avec une présentation sobre et sombre, cet œuvre n’attirera probablement pas l’œil des chercheurs de pochette tape-à-l’œil. Paradoxalement, ce sont deux yeux presque extra-terrestres qui nous accueillent; pré-adolescent inquisiteur, presque envahissant.

Je suis accueilli dans cet univers par un bruit de clavier ordiné devenu trop familier. On donne immédiatement le ton. La première pièce nous indique que ce ne sera pas une écoute facile et digérable comme une Céline que l’on nous gave dans l’esprit devenu fragilisé par la facilité. On sent la maturité du groupe. Neuf albums plus tard, ces porcs-épics me heurtent comme jamais. Oubliez Marillion. Oubliez les IQ et autres Flower Kings. Oubliez les King Crimson du siècle nouveau. Nous avons affaire ici à de la musique pensée sans les cérémonies d’un Emerson, Lake and Palmer ou d’un Yes d’un temps déjà lointain et presque devenu trop nostalgique. On reconnaît bien quelques influences par-ci par-là, mais loin de moi l’intention de comparer. Le premier segment nous indique clairement ce qui nous attend : la tendresse dans la violence de l’adolescence…
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Vient ensuite le malheureux constat d’un fléau trop fréquent de l’adulte en devenir qui à perdu ses repères trop tôt. L’extrait suivant donne la tonalité de la plage :

I will stay in my own world
Under the covers
I will fell safe inside
A kiss that will burn me
And cure me of dreaming
I was always returning

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Juste le temps de respirer un peu et nous voilà plongés dans le fragment majeur de l’ouvrage. Un battement effréné de cri intérieur de ces jeunes adultes confrontés trop tôt à une réalité destructrice. C’est à ce moment qu’arrive en scène le guitariste de Rush, Alex Lifeson. Un pur délice de virtuosité. S’ensuit un court intermède Hammond B3 mélangé avec une guitare rouillée qui nous prévient que ce n’est pas terminé…

En effet, la rage des guitares lourdes sortent de l’ombre à ce moment précis. On veut endommager un peu mes tympans et mes habitudes en même temps. Un refrain efficace qui reviendra à quelques reprises :

Only Apathy from the pills in me
It’s all in me, all in you
Electricity
It’s all in me, all in you
Only MTV and cod philosophy

Vient le moment d’apaisement bien mérité. On comprend bien que le tiraillement précédent n’est qu’illusion. C’est le côté sensible de la frustration qui s’exprime ici (après 12 :50min de pur délice tapageur). Un peu de faux mellotrron vient aussi embaumer mes inhibitions…
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La quatrième plage laisse un peu perplexe à la première écoute ; comme si Porcupine Tree avait voulu justifier ses écarts précédents. C’est un syndrome de Peter Pan musical qui m’a laissé un peu sur ma faim. C’est le seul bémol de ce disque. Écoutable, mais conventionnel.
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Nous sommes en terre connue avec la cinquième plage, jusqu'à ce que Robert Fripp et son frippertronic s’en mêle et que les guitares « trash » n’arrivent. On comprend finalement que cette section n’est qu’un préambule au dernier tronçon du disque.
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Finalement, un minimoog nous accueille vers des contrées obscures et lourdes de signification. En effet, malgré une basse simple et répétitive, je me suis senti interpellé par ce besoin urgent de vivre le moment présent. Par l’amour réel ou par l’illusion d’une aventure extra-conjugale, nous arrivons toujours à la même conclusion : le moment présent est le point directeur de notre avenir. Nous sommes tous maitres de notre horizon….
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Ce texte fût composé sous l’effet de l’Ouzo. Essayez-le, C’est créateur!

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