jeudi 6 mars 2008

Bob l’éponge… consommateur (1ière partie)


Salut. Je suis Bob. Je consomme. Tout ce qu’il y a de nouveau sur le marché des bébelles, je l’absorbe sans réfléchir. Au diable la qualité. Je suis l’instrument parfait des grandes multinationales de la haute technologie et du marketing hypnotique éhonté.

Laissez-moi vous expliquer comment mon cerveau (et celui de la majeure partie des autres éponges) fonctionne : je carbure à la quantité plus qu’à la qualité. Je peux absorber une quantité phénoménale de merde sans même avoir peur d’être saturé. Par exemple, on me gave de multiples séries télévisées ou de balades FM plus ou moins digestes, on m’inonde de fausse-réalité et on me fait croire que la fin est proche en tout domaine. Je gobe tout sans réagir. Par contre, mon éponge commence à suinter le trop plein de technologie. Cet article dégraissant parle de la surconsommation électronique au détriment de la qualité. Cependant, ce brûlot n’est pas un décrottage de l’évolution normale de la technologie. Cette sortie se veut une démonstration que nous, éponges, participons activement à l’émancipation morbide des Sony, Apple et autres « BitTorrent » de ce grand lavabo limoneux qu’est le monde de la technologie de consommation. Par exemple, notre société est passée, en moins de 30 ans à travers plus de dix différents supports audio destinée au grand public. Nous le gobions simplement parce que c’était ce que tout le monde consommait; comme ça, sans vraiment réfléchir. Je me confesse; j’essais d’oublier mon utilisation intensive du lecteur « 8-tracks » de mon père (que j’ai fais rouler et dérouler au moins jusqu’en 1987…). Même s’il nous faut être à la page et suivre l’évolution technologique, que pouvons-nous apprendre de ces cassettes huit pistes et du combat auquel nous assistons entre les MP3 et l’industrie du disque?

La musique comme un gâteau de fête
Mes vinyles veulent vivre. Je ne parle pas ici de mes différents instruments et accoutrements sadomasochistes, mais de la palette de plastique musicale pleine de sillons. Ces disques ne veulent pas mourir, même après leur extinction annoncée à la fin des années quatre vingt. Je me suis demandé pourquoi ; pourquoi soudainement ce regain de vie du disque 12 pouces ? Imaginez ! Autant Bjork, Radiohead que Coldplay sortent aussi leurs opus en format platine (particulièrement au Royaumes-Unis). Voici mon explication personnelle : toute éponge que nous somme a besoin de contact réel pour se remplir. J’ai un peu perdu le contact avec le concept global de l’art musical lorsque les MP3s sont arrivés dans les années quatre vingt dix (et je ne suis pas le seul). Pour moi, le concept de l’art musical inclus, entre-autre, la conception d’une pochette, d’une présentation, d’un emballage, d’une ambiance qui invite à donner le goût de voir ce qu’il y a en dessous du crémage. Combien de temps ais-je passé à écouter une version vinyle de Stravinsky – Le sacre du printemps, par exemple, en contemplant sa pochette qui arborait une peinture de la période moderne.

La musique comme un simple objet de consommation
Je passe sous silence l’avènement de la cassette, car encore une fois, seul le besoin de transporter la musique où l’on voulait justifiait ce format mécanique et archaïque, plus au service de l’industrie (et de Columbia House) qu’au service de l’auditeur. Autant la cassette que le CD nous annonçaient la fin d’une partie importante du concept global de la diffusion de l’art musical. En effet, comment montrer les intentions d’un artiste derrière une œuvre lorsque l’on dispose d’une surface de moins de douze centimètres carré ? La sortie des cassettes au Dioxide de Chrome a participé à la mise à mort de la musique comme œuvre comportant plusieurs niveaux artistiques. Aujourd’hui, ce crémage peu sembler superflu par rapport à l’essentiel qui est la musique elle-même. Ceci s’explique par le fait que nous ayons oublié comment une belle présentation contribuait à l’ensemble d’une œuvre. Ainsi, l’avènement des MP3 aura été le chant du signe de deux choses essentielles, la conception de pochettes intéressantes et de livrets informatifs, en plus de réduire la qualité globale du son. Nos oreilles d’éponges se sont malheureusement habituées à entendre des « glitch » électronique et une image sonore réduite comparée au CD ou au vinyle. De plus, mon éponge d’ordinateur n’a jamais autant possédé de « tounes » de toute sa courte vie. J’ai été poussé, un peu à mon insu, à remplir les giga-octets de mon iPod et de mon disque dur. Cette obsession de l’espace inutilisé est devenue comme une drogue. Il FAUT que je remplisse ces espaces binaires libres. Peu importe avec quoi. Imaginez ! J’ai même des amis éponges qui regarde des films de piètres qualités sur leur cellulaire ! Nous avons clairement abaissé nos standards de qualités. Les bonzes de l’industrie électronique peuvent bien jubiler…

Salut à toi, oh artiste!
Depuis quelques années déjà, j’ai délaissé les téléchargements boulimiques pour le combler avec un peu plus de raffinement (et aussi en payant mes téléchargements). En effet, notre rédemption réside dans la consommation musicale intelligente et responsable. Mon petit doigt d’éponge me dit aussi que le salut des artistes émergents réside justement dans la montée en puissance du format musical électronique sans support physique. Je suggère ainsi aux artistes marginaux de profiter de l’accessibilité et de la flexibilité des formats électronique comme les WMA ou les MP3 au maximum. J’ai la conviction qu’internet 2.0 peut servir la création de concepts originaux entourant la musique comme jamais elle ne l’a été auparavant. Regardons seulement l’avènement des MySpace et Facebooks. Tout ces portails sont encore très mal exploités et ne servent encore qu’à faire la promotion de l’art musical de façon très basique (si on oubli tout le côté « rencontre » de la chose). Or, mon deuil d’œuvre de HR Giger sur les disques de ELP ou les peintures plus grandes que nature de Roger Dean sur les pochettes de Yes en est aujourd’hui au niveau de l’acceptation. Par contre, il y a de l’espoir; ne serais-ce que par un abonnement à eMusic ou par une participation active aux sites comme Bande à Part, CBC radio 3 ou Pitchfork. Tout ça nous rapproche un peu plus des artistes et éloigne nos pores spongieux des grands monopoles du disque, qui se targuent de vouloir protéger une industrie moribonde. C’est en effet à travers ces portails que l’art entourant la simple ritournelle pourra évoluer. Et c’est nous, éponges consommatrices qui auront un impact majeur sur cette évolution. Des exemples?
Créer un contenu plus interactif, comme le font déjà les Arcade Fire en exploitant Internet 2.0
Un contact direct avec les artistes et leur nouveautés, comme l’a fait Radiohead avec « In Rainbow » avant la période des fêtes 2007 (nous pouvions acheter leur album au prix qui nous convenait!! – Parlez-moi d’une révolution.)
Exercer une pression plus grande sur les géants du disque en arrêtant d’acheter les formats physique et en passant par d’autres canaux que par les HMV de ce monde. Ceci aura pour effet de forcer l’évolution hors de cette façon rétrograde de commercialiser la musique.

En conclusion, malgré une évolution fulgurante des technologies sonores, il est temps pour les artistes et le simple consommateur de se réapproprier ce qui jadis était beaucoup plus près de nous. Les grandes firmes sont actuellement déstabilisées par la venue des formats musicaux tout électronique. Il est temps de cesser de pleurer nos pochettes colorées de douze pouces presque disparues et de travailler sur les innovations artistiques que nous permet l’Internet 2.0. Tout ça peut se faire en proche collaboration avec les artistes eux même. Le K.O. fatal donné au conservatisme des pseudo-corporations de l’art musical s’en vient, il ne faut pas rater notre chance.
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Surveillez la deuxième partie de ma sortie spongieuse sur les technologies destinées aux consommateurs de masse très bientôt sur ce blogue.