« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » a dit Anaxagore. Cette phrase, à portée universelle, s’applique très bien à la situation qui a cours au nord Kosovo; s’applique-t-elle au Québec?
Dimanche, les troupes de sécurité policière de l’ONU et de l’OTAN, qui étaient de garde depuis plusieurs années à Mitrovica, dûmes se retirer de la ville à majorité Serbe. Tout cela était prévisible. Probablement avec l’assentiment de Belgrade (et de Moscou), les occupants protestataires d’un tribunal de la ville auraient fait usage d’armes automatiques et de grenades. Ceci eut pour effet de blesser quelques constables. Ainsi, les effets de l’auto-proclamation d’indépendance du Kosovo se font sentir de plus en plus de façon négative. Ce n’est malheureusement qu’un début.
Ne réveillez pas l’ours qui dort!
En contrepartie, il est aisé de faire un rapprochement avec notre propre situation sur l’île de Montréal. Malgré un taux de francisation important de la jeune génération à travers le milieu scolaire, les idéologies fédéralistes dans l’ouest de l’île de Montréal ont peu changées. Nous serions portés à croire qu’elles se sont amenuisées, mais il en reviendrait à imaginer qu’un ours n’hiberne pas. Or, il serait faux de penser que la francisation peut limiter une potentielle réaction négative des communautés anglophones et allophones de Montréal advenant la création de la république du Québec. La riposte de la minorité Serbe est tout à fait compréhensible, malgré un usage répréhensible de la violence. Nous ne saurons probablement jamais si Belgrade a commandité ces manifestations. Par-contre, nous serions en droit de penser qu’Ottawa pourrait en faire de même avec de sombres groupuscules fédéralistes endurcies pour déstabiliser une éventuelle émancipation. C’est une bonne façon d’agir directement sur l’opinion publique tout en déresponsabilisant un gouvernement contrarié. Nous sommes heureusement loin de Mitrovica et la culture fédéraliste n’en est pas encore aux manifestations troubles; souvenez-vous du « love-in » de 1995 pour vous en convaincre…
L’opération charme du PQ s’amorce
C’est quand même une peur de la violence, entre-autre, qui lie une majorité croissante de Montréalais non-anglophone au fédéralisme; la peur de se faire brasser par des extrémistes pro-rocheuses. Ce qui se passe à Mitrovica ne peut que renforcir cette idée rétrograde chez les fédéralistes mous de chez nous. L’effet pervers d’une nouvelle comme celle du retrait de l’ONU dans une ville aussi instable que ce « West-Island » du nord Kosovare donne des munitions aux démagogues fédéralistes Canadiens. La stratégie que le Parti Québécois à choisi de prendre, en mettant la souveraineté au calendre Grecque et en se concentrant sur le développement de l’identité culturelle Québécoise, semble un bon remède à long terme. Ainsi, l’application de la maxime d’Anaxagore au contexte multiculturel Montréalais, vu sous l’angle péquiste du congrès de la fin de semaine dernière est alléchante. En effet, les allophones n’ont rien à perdre à s’intégrer à une culture francophone dynamique et évolutive (rien ne se perd). Leur crainte ne se justifie que par l’illusion de la nécessité de conserver un état fédéral, qui lui-même entre plus souvent qu’autrement en contradiction avec les compétences propre des provinces, peu importe laquelle. Ces paradoxes sont la plupart du temps inexistants aux yeux des nouveaux arrivants. Il est important de rappeler que la situation Kosovare est en tout point différent à celle du Québec moderne, où la relative tranquillité existe depuis plus de cent ans. Des représailles musclées venant du « West-Island » ou une possible annexion de ce château-fort rouge à une ville comme Vaudreuil-Dorion ou même Cornwall en Ontario est peu probable (rien ne se crée). À la lumière du récent congrès du PQ, du positif dans le paysage souverainiste en en train de naître. Par exemple, le fait de soulever les passions populaires face au renforcement de l’identité québécoise, à travers les débats que propose Madame Pauline Marois et son équipe, est une belle façon de transformer l’idée mal reçue de la souveraineté en idée constructive (tout se transforme). Enfin, le PQ se donne du temps pour une opération charme en se déliant de sa première clause contraignante et en se donnant la chance de prouver que ce parti peut aussi gouverner, sans toujours marteler les fédéraliste d’une potentielle scission de leur idéal. C’est justement avec cette stratégie que le nouveau gouvernement du Kosovo pourrait devenir un modèle de bonne préparation mentale pour les Québécois. Nous avons beaucoup à apprendre de ce jeune pays.