(ou l’art de ne pas brasser la « marde »)
"Tout va très bien bien, madame la marquise, tout va très bien." Cet œuvre lyrique de Paul Misraki composée en 1934 reste tout à fait dans le ton en 2008. C’est en effet ce que le PLQ est en train de souffler à l’oreille du Québécois endormi. Elle pourrait tout aussi bien être fredonnée par Jean Charest à Pauline Marois, mais c’est une toute autre histoire. Or, l’édition du journal Le Devoir de ce matin fait état d’une augmentation du taux de satisfaction des Québécois envers Jean Charest. Qui plus est, les intentions de vote de l’ensemble des régions semblent se déplacer un peu vers la couleur rouge.
« Le PLQ peut aussi se réjouir, car la satisfaction à l'égard du gouvernement de Jean Charest ne cesse de croître; elle atteint 57 %, en hausse de huit points de pourcentage. Les électeurs insatisfaits, pour leur part, sont 40 %. » (source : Le Devoir du 19 juin 2008)
Comment doit-on interpréter ce sondage préparé par la firme Leger Marketing ? Que se passe-t-il dans la bergerie pour que la peur du loup se soit tant amenuisée ?
Le régime minceur
Après avoir presque battu un record honteux de basses heures passées en chambre et en commissions parlementaires (moins de 1200 heures pour 125 députés en comparaison à presque 1600 l’an dernier), le mince menu législatif du gouvernement Charest fait état d’un effet pervers généré par le gouvernement minoritaire. De ce fait, il est évident que le gouvernement libéral ne désire pas se mouiller afin de ne pas créer de remous dans l’opinion publique. Ainsi, nous avons pu assister à de multiples annonces complaisantes comme la confirmation de l’agrandissement de l’aire protégé de Mont-Orford, l’annonce de la voiture électrique basse vitesse qui ne profitera à personne, les petites mesures pour contrer l’hypersexualisation ou la violence au hockey mineur et pour couronner le tout, le projet pour forcer les détaillants d’essence à justifier la hausse du prix gazier, pour ne nommer que ceux-là. Nous ne sommes pas loin de la gouvernance populiste que l’ADQ nous propose depuis plusieurs années. Ceci n’est que la pointe du petit iceberg, car derrière la session parlementaire du printemps 2008 se cache le chiffre trompeur de 58 lois adoptées. Par contre, les libéraux eux même, par la bouche de leur leader parlementaire Jean-Marc Fournier, confirme que la grande majorité des lois adoptés ne sont que des technicalités sans grands impacts.
La passivité, une tendance au Québec?
Ainsi, si nous lisons entre les lignes de l’article de la journaliste du devoir, Kathleen Lévesque, nous pouvons facilement déceler des tendances lourdes dans l’électorat Québécois : l’indulgence et l’apathie. Il m’apparaît de plus en plus claire que le peuple aime se faire flatter dans le sens du poil, au détriment des changements qui peuvent faire mal, mais qui améliorera à moyen et long terme l’état de notre société. Vous voulez des exemples de dossiers chauds mis de côtés? Il y a entre-autre la remise en question des frais de scolarités et le problème récurent des urgences. À la lumière du dernier sondage, qui place le PLQ en tête à 42% des intentions de vote, Jean Charest semble avoir trouvé la recette du succès : surfer sur la vague des dossiers « soft » et des petites craintes populaires pour en tirer profit ; le tout en évitant les bourdes qui pourrait remettre en question son leadership ou l’image des ses troupes. Ce genre d’inertie ou de gouvernance tranquille plait aux citoyens et crée l’illusion d’une bonne gestion de l’état, ce qui est malheureusement un leurre. Il suffit encore une fois de se rappeler les différents dossiers, qui sont encore de petites poudrières, pour se convaincre que ce gouvernement n’a pas la liberté voulue pour se mouiller. Par exemple, le fait de dissiper les effets néfaste des PPP (partenariats public-privé) comme les projets d’autoroutes 25 et 30, le fiasco du nouveau pavillon de l’UQAM, le dossier du CHUM qui s’enlise dans les problèmes de gestions, l’amenuisement des conclusions du rapport Bouchard-Taylor et ses accommodements déraisonnables, le projet Rabaska, le sous-financement des arts et j’en passe. Heureusement pour Monsieur Charest et son équipe, l’été est à nos portes et la dernière chose que les gens du pays veulent entendre parler, c’est de la politique. De belle vacance se pointent à l’horizon pour le PLQ.
Dormons citoyens !
La province s’est dotée pour la première fois, il y a plus d’un an, d’un gouvernement minoritaire. Tous pensaient qu’un nouveau jour de plus grande surveillance populaire venait d’arriver. C’est totalement le contraire qui s’est produit. En fait, il ne pouvait y avoir pire situation politique pour le Québec en cette ère tourmenté par les différents problèmes économique et sociaux qui nous guette et qui est déjà présent au États-Unis. C’est justement avec une attitude d’autruche que le peuple se lance dans la crise à venir. Par contre, le seul effet positif de ce sondage Leger Marketing se traduit par une possibilité accrue de déclenchement d’élection à l’automne. Jean Charest voudra probablement se servir de sa popularité pour s’offrir un gouvernement majoritaire, pendant que les deux autres partis majeurs se cherchent encore. Ceci aura au moins pour effet de laisser tomber la petite politique populiste et de travailler sur des dossiers sensibles. Avec la fin des classes qui arrivent à grands pas, je ne peux que souhaiter à mes concitoyens de bien dormir cet été. Ça me rappelle justement la fable de la cigale et la fourmi ; nous sommes évidemment les cigales…
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