samedi 16 février 2008

« Where is Kosovo, Pauline? »






This is a simple question that my kids could ask in a near future, when they’ll have their new geography courses.

En effet, c’est non sans mal que la province du sud Serbe déclarera unilatéralement son indépendance sous peu (si ce n’est déjà fait). Nous serions tentés de nous inspirer de ce peuple et de tracer des parallèles avec cet état qui tend à s’émanciper. Ce serait une erreur monumentale. Bien sûr, il y a quelques similarités, mais la situation géopolitique de cette région et les appuis que le Kosovo reçoit peuvent en dire long sur ce qui se prépare dans les Balkans.

Ce qui est bon pour les Kosovares le sera pour nous
This paper is about analogies. However, Québec is far from being Kosovo… and also far from Kosovo… (Merci Pauline pour votre influence récente dans cet élan de bilinguisme géographique).

Lorsque Pauline Marois se sera recyclée en prof bilingue au CÉCEP ou à l’Université d’ici 10 ans, nous serons probablement capables de mesurer l’impact que l’indépendance du Kosovo a eu sur notre aspirante province à ce nouveau statut. Or, malgré toute l’espérance possible, l’indépendance du Québec ne se sera pas encore réalisée d’ici dix ans. Voici donc quelques points d’anticipation que mes enfants discuteront dans leurs cours de géopolitique bilingues :

1- Il faut utiliser nos alliés économiques comme levier politique au niveau international. En effet, le Kosovo est stratégiquement localisé pour accéder aux oléoducs et aux avantages stratégiques de la mer Noire. Nul besoin de préciser pourquoi les États-Unis et L’UE, grands consommateurs d’énergie qu’ils soient, approuvent l’indépendance de cette province. Si aucune action militaire ne s’emballe dans cette région, ce n’est qu’une question de temps avant que ce pays fasse partie de l’UE. Les États-Unis vont augmenter leur présence locale via l’OTAN. Et vlan! Un autre allié militaire pour les Américains (voir mon autre article sur les Balkans pour approfondir le sujet) http://librepenseedelaseigneurie.blogspot.com/2007/11/le-glissement-occidental-ou-comment-le.html
Ainsi, à l’image du Kosovo, le Québec de demain pourrait donc jouer les cartes du gaz naturel (Rabaska vous dit quelque chose?), de l’hydro-électricité et de l’éolienne; toutes des sources d’énergie du futur pour s’attirer la sympathie de nos amis. De plus, la notoriété du Québec comme pôle de découvertes technologiques, médicales et artistiques ne peut que jouer en notre faveur.

2- La différence culturelle est aussi une carte que le Québec doit conserver comme atout important. Un peu à la manière des Anglais dans le Haut-Canada avec leur déplacement vers l’ouest, l’exode des Serbes plus au nord à permis à la majorité musulmane et cryptocatholique albanaise de renouer avec une identité qui leur est propre, suite au retrait de l’Empire ottoman avant le siècle dernier. Le Québec à donc tout intérêt, malgré un multiculturalisme admirable et bien ancré, à affirmer sa différence et à l’entretenir.

Ce qui est mauvais pour les Kosovares le sera aussi pour nous
Enfin, il y a toujours une deuxième face à une médaille. Et c’est justement par les raisons suivantes que le Québec ne pourra pas suivre les mêmes traces et démarches que le Kosovo.

1- Un peu comme à Ottawa, le pouvoir en Serbie reste à Belgrade, loin de Pristina et de la province pseudo-indépendante. Avec l’aide de la Russie, la Serbie usera de tous les moyens possibles (sauf militaires, dit-on) pour limiter le rayon d’action de son indépendance. Une indépendance unilatérale au Québec aurait les mêmes conséquences face au gouvernement fédéral canadien. Compter sur un appui des États-Unis à ce sujet serait rêver en couleur. Seules des conséquences économiques positives pour les autres pays peuvent faire pencher la balance en notre faveur.

2- Comme le craint la Russie, avec ses propres problèmes en Géorgie et en Tchétchénie, le Canada à raison de croire que cela donnera des idées aux autres provinces telles la puissante Alberta ou l’Est Canadien. Bonjour le lent démantèlement du Canada. L’intégrité territoriale prend une importance majeure chez nos voisins canadiens. Entre autres, le pays, déjà aux prises avec de sérieux problèmes de voies navigables nordiques, serait aussi contraint de négocier avec le Québec pour ses eaux intérieures. Quel est notre pouvoir face aux voies navigables? Il y a plein d’autres exemples.

3- Outre la France et d’autres petits pays Européens, nous ne profiterons probablement pas du support de l’OTAN et encore moins de l’EU en entier. S’il y avait un contrôle militaire du Canada au Québec en cas d’indépendance, que ferait le gouvernement souverainiste en place? Évidemment, nous avons quelques gardes paroissiales importantes, mais je divague un peu… Au contraire du Kosovo, où l’ONU et l’OTAN y sont bien installées pour limiter les dégâts, nous serions presque comme certains pays d’Afrique avec ces centaines d’observateurs qui n’ont aucun pouvoir, laissés seuls avec eux même.

Rêver mieux?



L’utopie de l’indépendance québécoise est un casse-tête géopolitique très difficile à résoudre. Au-delà des problèmes potentiels mentionnés plus haut, l’espoir, la détermination et la connaissance de soi en tant que peuple restent des outils de bases nécessaires à notre indépendance. Il ne faut pas amenuiser le fait que le Kosovo se sort à peine du joug yougoslave, situation que le Québec ne vit plus avec le Canada depuis fort longtemps (toutes proportions gardées bien sûr). Le problème est que l’opinion internationale s’émeut de la situation d’un peuple seulement lorsqu’il est opprimé. La cote de sensibilité que le Québec soulève envers nos alliés potentiels pour une indépendance est assez basse. Faudra-t-il une autre guerre pour que la souveraineté se fasse ici? Je doute de nos capacités à ce niveau. Dans un monde de plus en plus global, nos idées séparatistes tombent de plus en plus à plat. C’est pourquoi il faut être fort économiquement, être sûr de notre identité, finalement passer à l’acte et se préparer au pire par la suite… comme au Kosovo.